FONDATION BIENFAISANCE
Campeche
HISTORIQUE
          Augustin Loiseau, un ancien de la zone parmi les tout
premiers, y habite depuis 1970. « C’était désert, raconte-t-il.
Il n’y avait pas de maisons. Le nom est adapté, continue-t-il,
car il n’y avait que des campêches » (Le campêche est un
arbre sauvage utilisé en Haïti pour la construction et la
préparation du charbon de bois). Quartier de la section de
Carrefour-Feuille, la zone n’était fréquentée que pour un
terrain où l’on joue jusqu'à présent le football. Les premiers
habitants qui vivaient dans la zone résidaient avant dans le
quartier voisin qu’est Baillerjeau. A la fin du règne de
Duvalier père (Papa Doc), une grande partie de Baillerjeau
fut réclamée par certains potentats Duvaliéristes (Makout).
Les premiers habitants se replièrent à Campêche, qui est
devenu aujourd’hui un bidonville. Ironiquement on ne trouve
plus un seul campêche à cause des constructions
anarchiques et de l’utilisation du bois de l’arbre pour la
préparation du charbon de bois. Topographiquement, il ne
reste que des mornes en forme de triangle avec base et
sommet peuplés de constructions sans aération, une sorte
de conglomération.


SITUATION GEOGRAPHIQUE
  Située dans le département de l’Ouest, dans la commune
de Port-au-Prince et la section de Carrefour-Feuille,
Campêche est entouré de quartiers voisins. Au nord par
Baillerjeau et Croix-des-Prez ; au sud par Sicot, et Tunnel en
aval et par Trou Lambert en amont; à l’ouest par Morne
Caillard et Ti Savanne et à l’est par Carrefour-Feuille. A
moins d’un kilomètre de ses quartiers avoisinants,
Campêche est séparé de Carrefour-Feuille, sa section
communale mère simplement parce que topographiquement
il est entouré de mornes.


COMMUNICATION
  Une seule route voiturable la relie à Port-au-Prince via l’
avenue N prolongée. Cette voie en terre battue est
entravée par des constructions anarchiques. Le pont fragile
qui y était jeté a été récemment détruit par la ravine
Georges.
On peut accéder à Campêche à pied par différentes voies,
mais il faut traverser de nombreuses constructions
anarchiques avant de déboucher à Carrefour-Feuille, à Sicot,
à Tunnel, à Trou Lambert, etc. La communication par
télephone est rare et seuls les gens les plus aisés peuvent
en bénéficier.


SERVICES

LES EGLISES:
          Eglise de Dieu de Campêche
          Eglise de Siloé de Compassion
          Eglise de Jérusalem
          Eglise Sainte Famille de Sainte Thérèse
          Eglise du Bon Berger
          Eglise Adventiste de Mitspa
          Eglise de Dieu en Christ de Terre Blanche

ECOLES:
Les écoles se retrouvent en général à l’intérieur des églises.
Ce sont :
Ecole Communautaire de Campêche (Moyen II)
Etoile du Berger (Moyen II)
Ecole de Siloé (Moyen II)
Ecole de Jérusalem (4ème)
Ecole Robert Brown de l’Eglise Dieu de Terre  Blanche

Pas d’école professionnelle. Une tentative du comité ODEPE
(Organisation pour le Developpement et la Protection de l’
Environnement) pour établir une école professionnelle à
Campêche  n’a pas eu de succès.

Il n’y a pas de marché. Les habitants s’approvisionnent au
marché voisin, Marché Tunnel, ou jusqu’au Marché Salomon
en ville

Pas d’eau potable. Les habitants utilisent l’eau de puits non
traitée. De l’eau plus au moins fiable se vend chez le pasteur
Pierre Oriol au prix d’une gourde le seau. Et comme la zone
est marginalisée, la distribution est inefficiente.


ELECTRICITE
  Sur le plan de l’électricité, administrativement, le courant
se contrôle par l’intermédiaire du comité ODEPE
(Organisation pour le Developpement et la Protection de l’
Environnement). Les fils électriques sont reliés de manière
anarchique aux poteaux faits généralement de bois. Une
cotisation est réclamée à chaque maison pour son éclairage,
mais chaque maison doit avoir son propre câble pour se
brancher. D’où les gens qui n’ont pas d’argent utilisent de
petits fils de faible consistance, causant ainsi et souvent des
chocs électriques. La nuit, les rues sont obscures, c’est-à-
dire faibles en éclairage, car les poteaux sont totalement
dépourvus de lampes.

DIAGNOSTIC COMMUNAUTAIRE
DE LA  ZONE DE CAMPECHE
SANTE
  Sur le plan sanitaire, un médecin habitant la zone dirige
une clinique, ouverte deux heures par jour, mais seulement 3
jours par semaine. A partir de 9 heures du matin et les jours
où ce médecin ne travaille pas, les habitants doivent se
débrouiller ailleurs pour le plus minime problème de santé.
Les habitants vont en général à l’Hôpital de l’Université d’
Etat d’Haïti, arrivant en général en retard et le plus souvent
fatiguant le malade, faute de route accessible pour la
traversée. Donc sur le plan sanitaire, l’Etat n’est pas
démissionnaire car pour démissionner, il faut avoir existé
avant.
Quant aux soins de santé pour les femmes, c’est là que la
population trouve beaucoup plus de soins, il y a quatre (4)
patronnes : Mme Clotaire, Andréus Désir, Mme Fednel, Guy
ainsi connues qui ne sont pas formées ni recyclées par le
Ministère de la Santé Publique mais qui interviennent
rapidement auprès de la population pour les problèmes d’
accouchement.
Les marchands ou vendeurs de médicament ambulants
pullulent dans la zone.
Il y a un seul hougan ou guérisseur connu à Campêche.
Les autres se concentrent à Baillerjeau, mais surtout a Sicot
et Trou Lambert.


LOISIR
  Pas de cinéma. Pas de théâtre. Seul sport, le football.
Aucun club connu où les gens ne se regroupent autour des
jeunes pour faire passer leurs idées. Les gens passent leurs
moments de détente dans les églises.


LATRINE
  Utilisation anarchique. La pratique de déféquer à même le
sol est encore courante.


ECONOMIE
  Pas de travail. Aucune entreprise qui embauche. Les
habitants vivent du commerce, dans le secteur informel.
Quelques rares petites boutiques dans la zone où l’on ne
peut trouver que le pain et le sucre. Les marchandes de
friture offrent des produits à base de carbochimies. Elles n’
offrent pas le fameux « griot » (viande de porc frite) que
préfèrent les Haïtiens, de peur, disent-elles de ne pas
pouvoir s’en débarrasser à cause de la pauvreté des gens
de la zone qui peuvent ne pas pouvoir en acheter. Les
jardins qui se trouvent dans la zone de Caye Alfred et Morne
l’Hôpital ou l’on produisait jadis des produits comme le petit
mil, le maïs, le manioc, etc. ne rapportent plus rien à cause
de l’élevage de bétail qui se fait aussi anarchiquement.


POPULATION
  Zone surpeuplée. Pas de détails sur l’épidémiologie
puisque pas d’institutions pour définir les groupes de
population.  Un projet de recensement du comité d’ODEPE n’
a pas reçu d’aide pour la réalisation d’une évaluation
globale. Mais les familles sont nombreuses : beaucoup d’
enfants, peu d’adultes et presque pas de vieillards.  Selon
une petite enquête il y a en moyenne à peu près une dizaine
de personnes par famille. Ajoutons à cela le va-et-vient qui
se fait à Campêche à cause de la conjoncture actuelle où les
individus fuient les autres bidonvilles violents tels que Cité
Soleil, Pelé, Route Neuf, La Saline, Bel Air pour y venir se
réfugier. Une estimation à vue d’œil en collaboration avec le
comité ODEPE donne :
45,000 habitants à Campêche
70,000 habitants à Baillerjeau
200,000 habitants à Sicot.
Sans compter Ti Savanne, Tunnel, Trou Lambert.  


SECURITE
  Zone livrée à l’insécurité en 1994 sous Aristide. Repaire de
différents types de gangs impliqués dans de grands dossiers
de la vie politique haïtienne dont : l’attentat contre la sœur
de l’ex-Président RENE PREVAL; le massacre perpétré contre
la population par le commissaire COLES RAMEAU jugé puis
condamné par la justice plus tard. Le démantèlement du
réseau des gangs en 1996 a laissé dès lors une zone
tranquille et apparemment sécure, mais puisqu’il n’existe
aucun poste de police dans la zone le  mouvement migratoire
qui se fait aujourd’hui à cause de la conjoncture actuelle,
promet de très grandes surprises si l’on n’intervient pas à
titre préventif.
Les partis politiques ne sont pas représentés dans la zone.  

DIAGNOSTIC COMMUNAUTAIRE
DE LA  ZONE DE CAMPECHE
Wilner Simon, MD
Fondation Bienfaisance, Inc. October 2003